mercredi 29 juillet 2015

Les fondements théoriques des échanges internationaux




 La théorie du commerce international est née de l’analyse développée par les auteurs classiques anglais, les thèses de ses auteurs ont été élaborées au moment de la révolution industrielle en grande Bretagne, s’opposant aux arguments mercantilistes favorables au protectionnisme, elles défendaient les vertus du libre échange, en cela  elles répondaient aux attentes de l’industrie anglaise naissante, d’un coté la libéralisation du commerce permettait une baisse de coût de main  d’œuvre en rendant possible une diminution des coûts de subsistances grâce à l’importation de produits agricoles étrangers moins onéreux, d’un autre coté  elle procurait des débouchés à la production industrielle britannique.
Cette adéquation aux conditions de son époque explique son doute, au moins partiellement le succès de l’analyse classique. Mais si elle nous intéresse encore aujourd’hui c’est parce que  le schéma général qu’elle a tracé reste toujours au cœur de la théorie du commerce international.
Toute analyse du commerce international s’articule autour de 3 questions essentielles «  pourquoi les pays échangent-ils ? C’est la question de fondement de l’Echange «  quel pays échange quel produit ? ? C’est la question de sens de l’Echange comment se fait l’échange ? » C’est la question du sens de l’échange « comment se fait l’échange ? » C’est la question des termes de l’Echanges avec son corollaire, la répartition de ses gains.
Au risque  de caricatures quelque peu il est possible d’Etablir une correspondance entre contributions des trois grands auteurs classiques anglais et ses 3 questions fondamentales l’apport essentiel de Smith (1776) réside de sa réponse à la 1er question l’échange est le corollaire de la spécialisation de la division du travail qui est source de richesse Ricardo (1817) a marqué l’analyse du commerce international par sa réponse à la 2 eme question. Les théories du commerce international cherchent à expliquer pourquoi les pays sont conduits à échanger entre eux. Les fondements théoriques de la spécialisation internationale: des avantages absolus aux avantages comparatifs, les dotations de facteurs : le modèle d'Hecksher et Ohlin. Les approches nouvelles du commerce international: prolongement de la théorie d'Hecksher et Ohlin, demande, concurrence imparfaite et commerce international
Cela nous amenée à poser la problématique suivante : Quelles sont les fondements théoriques de commerce international ? Comment les pays échangent-ils ?
Pour répondre à ses questions nous vous proposons le plan suivant :




                                 Introduction 

I-                  Les théories classiques de commerce international

        A -Des avantages absolus aux avantages comparatifs

        B -La théorie suédoise du commerce international  (théorie HOS)

II-               Le protectionnisme et le libre-échange

A-    Le libre-échange

B-    Le protectionnisme


           Conclusion


I-                  Les théories classiques de commerce International

               A - Des avantages absolus aux avantages comparatifs



                      

Chaque pays doit se spécialiser dans la production où il possède un avantage absolu en matière de productivité et se procurer à l'étranger les produits pour lesquels il est en situation d'infériorité absolue du point de vue de la productivité. C’est donc cette fameuse notion de productivité que l’on retrouve en économie d’entreprise qui est introduite ici.
(Explication)  Notons dès à présent que la productivité n’est pas un élément fixe et que cet indicateur évolue chaque année dans chaque secteur et dans chaque entreprise pour l’ensemble des pays par ce qu’on appelle des gains de productivité. Nous verrons plus tard également que la fluctuation des monnaies (taux de change) peut avoir des conséquences énormes sur la compétitivité des entreprises. Deux notions majeures sont à intégrer :
1. Le coût horaire du travail
2. Le temps de fabrication (productivité)
Ceci nous donne le coût de production provenant  au travail. Ex : les chinois ont une productivité du travail concernant les ordinateurs ou les calculatrices qui sont supérieure à celle des français. Ils s’y spécialisent et exportent ce type de biens. Les Français ont une productivité du travail pour l’agriculture supérieure à celle des chinois. Ils s’y spécialisent. Ainsi, les chinois vendent des ordinateurs aux français qui leur vendent des produits agro alimentaires en échange.
C’est un des fondements du commerce international.
b. Théorie des avantages comparatifs. (Ricardo. 1817)
Néanmoins, cette théorie est restrictive car les avantages ne sont pas toujours absolus et tous les pays ne possèdent pas des avantages absolus  (travail moins cher par exemple) dans la division internationale du travail (DIT)
Pour Ricardo, l'échange est souhaitable même dans le cas où il n'existe pas d’avantages absolus.  En effet chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production où il présente la plus grande supériorité ou la moins grande infériorité.
Démonstration : Exemple fameux du drap et du vin. Les chiffres donnés représentent les coûts de production, exprimés en heures de travail d’une unité de drap et de vin.
Le drap coûte relativement ou comparativement moins cher par rapport au  vin en Angleterre qu’au Portugal. C’est l’inverse pour le vin.
Donc, si l’Angleterre abandonne le vin, elle disposera de 120 heures de travail avec lesquelles elle pourra produire des draps supplémentaires et plus précisément 1, 2 unités. Elle vendra ces 1,2 unités au Portugal contre  1,2 * 1,125 unités de vins soit 1,35 unités de vin. Le gain de la spécialisation pour l’Angleterre est de 0.35 unité de vin.
Il faut nuancer (Mill, 1848) car l'échange dépend de la demande dans les différents pays.  La demande étrangère de la production nationale doit être suffisante au risque de voire les termes de l'échange se dégrader.
Ex : Si les portugais demandent moins de drap aux Anglais et que les anglais veulent toujours autant de vin, le prix du drap va baisser par rapport à celui du vin. La dégradation des termes de l'échange (DTE)  se mesure par :

            Indice des prix à l'exportation
            -----------------------------------
            Indice des prix à l'importation

B-   La théorie suédoise du commerce international

Le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson est le « modèle standard » de la théorie du commerce international. Basé sur l’avantage comparatif de Ricardo, le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson vise à expliquer la présence d’échanges internationaux par les différences de dotations en facteurs de production de chaque pays. À travers ce modèle, les auteurs entendent prouver la supériorité du libre-échange et les bénéfices de la spécialisation. Ce modèle est connu sous plusieurs noms. Il fut d'abord publié sous une forme plus littéraire par Bertil Ohlin, qui en attribua la copaternité à son directeur de thèse, Eli Heckscher, en 1933. En 1941, Paul Samuelson et Wolfgang Stolper en déduisirent un théorème important sur la rémunération des facteurs, qui fut systématiquement incorporé dans la présentation du modèle, désormais connu sous l'abréviation HOS.
La théorie d’Heckscher-Ohlin prend sa source dans les analyses des Classiques, notamment celle de l’avantage comparatif de David Ricardo. Ce dernier montre que les pays ont intérêt à ouvrir leurs frontières et à spécialiser leur production.
D’autres analyses classiques portaient sur les conditions de l’équilibre international, mais aucune ne traitait des causes profondes du commerce international: pourquoi les pays s’échangent-ils des biens et des services et pourquoi le commerce bénéficie-t-il à toutes les parties ?
Les économistes suédois Eli Heckscher (en 1919) et Bertil Ohlin (en 1933) répondent à ces questions en élaborant un modèle (HO), complété dans les années 1940 par Paul A. Samuelson et Wolfgang S. Stolper.
Le théorème de ces derniers est systématiquement présenté avec le modèle HO, l’abréviation devient HOS pour Heckscher-Ohlin-Samuelson. Celui-ci est le modèle néoclassique de base pour l’échange international.
Le modèle HO complète la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, le libre-échange y est aussi vu comme la meilleure politique possible. Heckscher et Ohlin intègrent les facteurs de production à l’analyse.
Ils montrent que ce sont les différences de dotations initiales en facteurs de production qui sont à l’origine des avantages spécifiques de chaque pays.
Pour Hecksher (1919) ce qui détermine la différence des coûts, c'est le prix des facteurs de production. Dans les pays richement dotés en travail, le niveau des salaires est bas d'où utilisation de main-d’œuvre abondante (Ex : Asie du Sud Est). C’est l’inverse dans les pays ou les salaires sont élevés. . L'inégale dotation en facteur de production explique ainsi les différences de coûts.              
Pour Ohlin (1934), il faut définir une loi de proportion des facteurs: c'est la combinaison de facteurs (rappel : capital et travail) dont dispose un pays et qui procure un maximum d'avantages ou un minimum de désavantages qui doit déterminer la spécialisation.
            Ainsi, chaque pays importe des biens qui incorporent de façon intensive les facteurs qui sont rares sur son territoire et exporte les biens qui incorporent de facteurs abondants sur son territoire.   
 Le commerce international tend à produire une égalisation des rémunérations des facteurs, égalisation qui ne saurait être absolue ".
CQFD : l'égalisation tend à la diminution de la croissance du commerce international puisque les différences entre les facteurs étant peu à peu moins fortes, chaque pays a moins avantage à échanger.



II - Protectionnisme et libre échange

A-  le libre-échange   

Le libre-échange est la doctrine économique favorable à la libre circulation des marchandises. Cette circulation peut s'étendre aux services, aux capitaux et à la main-d'œuvre. Pour cela, les libre-échangistes préconisent la suppression de toutes les entraves échanges. 
 Les premiers défenseurs de l'abaissement des droits de douane furent des économistes Français du 18 siècle : Les physiocrates  (François Quesnay). Le contrôleur des finances de Louis 16, Turgot (1727-1781) supprima les taxes sur les céréales à l'entrée de chaque province française pour assurer la libre circulation des grains.
Dans son ouvrage  (recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations) 1776, Adam Smith reprend l'analyse des physiocrates sur les bienfaits du libre-échange. Il élabore la théorie des avantages absolus.
Chaque pays doit se spécialiser dans les biens et les services qu'il parvient à produire à un cout de production inférieur à celui du reste du monde. Chaque pays doit en contrepartie délaisser la production de biens et de services pour lesquelles il est le moins efficace. Il doit alors importer ces produits du reste du monde.
Exemple contemporain : Prenons le cas de la France et de l'Arabie Saoudite pour deux produits : les voitures et le pétrole.
La France a un avantage absolu pour les voitures et doit se spécialiser dans cette production. Elle doit délaisser la production du pétrole et l'acheter à l'extérieur.
L'Arabie Saoudite doit se spécialiser, à l'inverse, dans la production de pétrole  et importer ses voitures.
D'un point de vue économique, les deux pays ont intérêt à se spécialiser et commercer.  Il n'y a aucun perdant à l'échange.
Pour les libéraux, la théorie du libre-échange, démontrée par A. Smith et Ricardo, est favorable à la croissance économique mondiale et tous les pays y gagnant quel que soit leur niveau de développement.
 
 Les  limites de la théorie du libre-échange.

La théorie du libre-échange ne peut pas interpréter le commerce intra-branche entre deux pays industrialisés. Par exemple: le Japon et les Etats Unis échangent du matériel informatique. Ce commerce intra-branche entre pays industrialisés a beaucoup progressé depuis 1945.Il explique en grande partie la croissance économique mondiale depuis la fin de la de seconde guerre mondiale.
. La théorie du libre-échange justifie la domination politique et économique des PDEM sur les PED. Les économistes, d'inspiration marxisante, montrent que les pays les plus développés ont intérêt à promouvoir le libre-échange, car cela renforce leur domination sur le reste du monde.

 B - le protectionnisme 

Le protectionnisme est une doctrine défendue par certains économistes, qui propose de protéger la production nationale de la concurrence des entreprises étrangères. Pou cela, le pouvoir politique entrave l'entrée sur le territoire national des marchandises étrangères par des taxes à l'importation (ex: taxe de 30 %  sur une marchandise donnée) ou une réglementation spécifique (ex: interdiction d'un type de marchandise).
Cette doctrine économique est très ancienne. On la retrouve en Europe chez les mercantilistes du 16 et 17 siècles. A l'époque, l'économie était au service du pouvoir politique. Le bute de l'économie était d'enrichir l'Etat. En favorisant les exportations et en limitant les importations par un protectionnisme très strict, la balance commerciale devenait excédentaire et l'Etat s'enrichissait. Dans son ouvrage (Traité d'économie politique) 1615, le français Antoine de Montchrestien (1575-1621) fut le premier théoricien moderne du protectionnisme. Ses idées furent mises en pratique par le contrôleur des finances de Louis 14, Jean-Baptiste Colbert (1616-1688). Le Colbertisme permet l'intervention de l'Etat pour favoriser les exportations de la production nationale et  limiter  les importations de produits étrangers. Le pays s'enrichit alors par une balance commerciale excédent.
L'esprit du mercantilisme a continué d'exister au travers des siècles. Actuellement, au début du 21 siècle, les dirigeants de la Chine utilisent cette doctrine économique pour enrichir leur pays.

Les instruments du protectionnisme :

Les pratiques protectionnistes apparaissent sous forme de barrières tarifaires et non tarifaires.
Les barrières tarifaires comprennent les droits de douane qui sont constitués d'un impôt prélevé sur un bien lors de son passage à la frontière, le prix se trouve augmenté de ces droits au détriment des consommateurs.
Les barrières non tarifaires sont des restrictions quantitatives non tarifaires comme:
-les barrières non tarifaires techniques ou réglementaires;
- le contingentement qui correspond à un plafonnement du volume d'importations d'un ou de plusieurs produits;
- la protection para-tarifaire qui consiste à accorder des subventions et des crédits à l'exportation aux entreprises nationales.
On peut ajouter également le protectionnisme monétaire quand une monnaie est durablement sous-évaluée et les accords régionaux comme l'Union européenne ou l'ALENA (accord de libre échange nord-américain entre le Canada, les États-Unis et le Mexique). Ces accords régionaux assurent le libre-échange entre pays signataires mais constituent une forme de protectionnisme vis-à-vis des pays tiers.
On peut classer les mesures protectionnistes en deux catégories: celles qui relèvent d'un protectionnisme défensif et celles qui sont plus offensives.
- Protectionnisme défensif: droits de douane, barrières non tarifaires, techniques ou réglementaires, contingentement.
- Protectionnisme offensif: protectionnisme monétaire, protection para-tarifaire, accord régional.


                                                             Conclusion


Et pour conclure, on peut dire que avec l'OMC qui a pour but de encadré les relations commerciales international et qui vise aussi l'abaissement  des obstacles au commerce afin d'encourager le libre- échange mais en même temps elle laisse plus de temps aux pays les moins développés pour s'adapter et une plus grande flexibilité et en leur accordant des privilèges spéciaux. Donc, l'OMC est une solution pour concilier la théorie du libre-échange et celle du protectionnisme.  

  
Bibliographie :


Ø Aubin Christian et Norel Philippe, Economie internationale — Faits, théories et politiques, Editions du Seuil, 2000.
Ø Michel Rainelli, Le commerce international - 8e édition, La Découverte - Repères, 2002
Ø Serge AGOSTINO, libre-échange et protectionnisme, Editions: Bréal, 2003.

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